
Entretien avec
Présidente du Conseil départemental du Gard

En juillet 2021, la nouvelle majorité départementale vous a élue à la présidence du Conseil départemental. En mars 2028, ce mandat prendra fin. C’est aujourd’hui le bon moment pour faire un bilan ?
Pas un bilan, plutôt un point d’étape. Nous sommes à un moment important de notre mandat. À mi-parcours, la plupart de nos engagements ont déjà été tenus malgré des situations inédites et complexes. Depuis 2021, nous avons vécu des moments difficiles : les suites de la pandémie, la guerre en Ukraine et au Proche-Orient, le retour de l’inflation, l’instabilité politique et budgétaire, la montée de l’extrémisme ; et localement, les incendies de 2022, les intempéries meurtrières de 2024, l’effondrement du pont des Châtaigniers entre Chamborigaud et Génolhac… Chaque fois, dans son champ d’action, notre collectivité a été présente auprès des Gardoises et des Gardois. Nous entrons maintenant dans une nouvelle phase encore plus contraignante, notamment sur le plan financier. Cela doit renforcer notre volonté d’agir efficacement et durablement.
Cela veut dire quoi “agir efficacement et durablement” ?
Être utile et concret, au quotidien, en préparant l’avenir. Agir dans l’intérêt de nos territoires et de leurs habitants, offrir des réponses aux problèmes qu’ils rencontrent et leur permettre de réaliser leurs projets, aux côtés de toutes celles et ceux qui s’y emploient (collectivités, associations et autres structures). J’ai la chance d’être entourée d’élus de terrain pragmatiques. Nous nous sommes attachés à améliorer tout ce qui pouvait l’être. Nous avons fait confiance à nos 3 700 agents et veillé à leur donner les moyens de bien accomplir leurs missions.
Une gestion prudente diraient certains ?
Prudente oui, je l’assume. Pour agir de façon responsable, sans vivre au-dessus de ses moyens, en se souciant de ce que l’on va laisser et transmettre.
Être prudent ne signifie pas pour autant manquer d’ambition ! Il est important de rappeler notre vision, notre projet. Depuis 2021, nous avons tenu un cap : contribuer au bien-être des Gardois en leur simplifiant la vie tout en améliorant l’environnement où ils vivent. Un cap autour de 3 objectifs : soutenir et accompagner tous ceux qui en ont besoin, protéger notre santé et notre qualité de vie, relier les personnes et les territoires. Nous avons donc lancé, dans la concertation, de nombreux plans d’actions appelés “schémas”. Ce sont des feuilles de route pour plusieurs années, sur la base de diagnostics partagés, pour nous aider à voir loin, de manière cohérente et transversale et à programmer les moyens nécessaires. Nous avons commencé par le schéma unique des Solidarités pour l’action sociale, qui représente plus de la moitié de notre budget. Nous avons ensuite élaboré un schéma des Mobilités, le 1er schéma des Sports, celui des Enseignements artistiques, celui du Tourisme, celui de l’Économie sociale et solidaire, celui des Archives, celui de la Culture et, enfin, le schéma de la Lecture publique ou encore notre démarche « Eau & Climat ».
Concrètement, cela se traduit comment ?
Les exemples sont nombreux. Ce document permettra, je l’espère, de mieux comprendre notre rôle et de mesurer notre action grâce à un point détaillé des réalisations et des services qui vous sont destinés. Il y a d’abord ce qui se voit et s’utilise, les bâtiments et les équipements. Par exemple, les projets qui étaient engagés et que nous avons finalisés : le déploiement du très haut débit (plus de 300 communes sont ainsi reliées soit 270 000 foyers et entreprises concernés), le Centre médico-social de Villeneuve-lez-Avignon et celui de Quissac, le centre routier de Pont d’Hérault. Il y a également les investissements dans des projets d’infrastructures majeurs pour lesquels les travaux ont débuté : la mutation du Centre sportif du Gard à Méjannes-le-Clap ou la sécurisation du complexe hydraulique formé par les barrages de Sainte-Cécile-d’Andorge et des Cambous. Les nouvelles réalisations déjà terminées : l’ouverture du Parc départemental Meynier de Salinelles à Nîmes, le pont de Provence à Aigues-Mortes, le pont des Châtaigniers entre Chamborigaud et Génolhac.
Les projets initiés que nous faisons avancer et qui vont se concrétiser : la création d’un pôle d’exploitation mutualisé et un centre de secours à Bagard, la reconstruction de trois collèges — Saint-Gilles, Salindres et Pont-Saint-Esprit — la réhabilitation du Mas d’Asport, du bâtiment du Vieux Moulin au Pont du Gard, des centres médico-sociaux de Saint-Hippolyte-du-Fort, de Saint-Ambroix, de Bessèges, de Marguerittes, un projet « protection de l’enfance » au Mas de ville à Nîmes. Enfin, n’oublions pas les travaux dans les collèges, notamment à Nîmes (Ada Lovelace et Jules Verne), mais aussi à Gallargues, à Aramon, à Roquemaure, etc.
À cela s’ajoutent : la création des Maisons du Conseil départemental, mobiles ou fixes, pour s’informer et faire ses démarches dans son village ou dans sa ville, sans forcément devoir se déplacer à Nîmes. L’amélioration de l’accessibilité de nos démarches en ligne, notamment pour la Maison départementale des personnes handicapées. La création de l’Agence départementale du logement et de l’habitat (ADHL) est un autre exemple de nouveau service qui accompagne les plus fragiles pour se loger dignement et qui soutient les bailleurs dans leurs projets. Nous avons également maintenu à 3,50 € le prix maximum du repas, cuisiné sur place avec des produits frais et locaux, dans les restaurants de nos collèges. Nous avons également ouvert plus de 80 km de voies vertes supplémentaires, réduit nos émissions de gaz à effet de serre de 23 %.
Dans un tout autre domaine, nous avons créé un Conseil départemental des jeunes pour que les collégiens expérimentent la vie démocratique et la citoyenneté. Notre action consiste aussi à soutenir tous ceux qui agissent pour les Gardoises et les Gardois dans leur domaine et sur leur territoire : en 3 ans, nous avons subventionné plus de 2 000 associations gardoises, culturelles, sportives, solidaires et versé plus de 80 M€ aux communes et intercommunalités.

Un budget de plus de 1,2 milliard d’euros par an,
soit plus de 6 milliards d’euros depuis 2021
Le budget du Conseil départemental du Gard permet la réalisation de nos missions essentielles telles que les solidarités sociales, l’environnement et la prévention des risques, les routes et la mobilité, les collèges et la jeunesse, la culture et le patrimoine, les sports, l’aménagement du territoire ainsi que le tourisme et les produits locaux. Ce budget vise trois objectifs politiques majeurs, répartis en 22 engagements structurants.
Grâce à une gestion rigoureuse, le Conseil départemental soutient les infrastructures et services essentiels, tout en valorisant les richesses du territoire, œuvrant ainsi pour un développement durable et harmonieux du Gard.
L’agriculture fait partie de l’identité du Gard. Nous sommes déterminés à préserver et valoriser ce patrimoine vivant en l’accompagnant dans son évolution face aux défis actuels. Même si, depuis la loi NOTRe, notre capacité d’intervention a été fortement réduite. Notre accompagnement s’est traduit par des aides coordonnées avec la Région lors des calamités climatiques, par le renouvellement de notre participation au Salon International de l’Agriculture à Paris, mais aussi par la promotion d’une vision à long terme. Nous souhaitons, en effet, encourager une agriculture durable, qui préserve les ressources et s’adapte aux défis climatiques. Nous soutenons les circuits courts et la valorisation des produits locaux, notamment à travers notre politique alimentaire.
Pourquoi ne pas faire des économies en supprimant les dépenses non obligatoires du sport ou de la culture ?
Nous avons, dans cette majorité, toujours défendu le financement de politiques « librement choisies » comme la culture et le sport, que je considère essentielles. Malgré le contexte budgétaire, nous avons réussi pour le moment à maintenir un haut niveau de subventions à ces secteurs qui ont un impact économique local significatif. La crise sanitaire nous a rappelé l’importance vitale de ces domaines pour notre équilibre et notre santé mentale. Je ne l’oublie pas.

Nous n’avons pas de compétence en matière de police mais nous sommes actifs dans le domaine de la prévention au travers de notre Politique de la ville et des équipes d’éducateurs spécialisés et de médiateurs. Nous sommes le principal financeur du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS 30), en finançant près de 60 % du budget des sapeurs pompiers. Cela permet de renforcer les moyens humains et matériels pour répondre efficacement aux urgences, incendies et accidents. Nous nous engageons également en finançant les Programmes d’actions de prévention des inondations (PAPI). Nous avons également créé le site noe.gard.fr,
pour informer les habitants sur les risques et les mesures à prendre pour se protéger. La sécurité routière est également une priorité : nous investissons chaque année 57 M€ pour entretenir et sécuriser nos 4 600 km de routes départementales et nos ponts, tout en développant des voies vertes pour encourager des déplacements doux et sûrs.
Et pour financer tout cela ?
Nous n’avons pas directement de levier fiscal important. Nos recettes dépendent des dotations de l’État et de taxes que nous ne maîtrisons pas et qui sont dépendantes de la situation économique. Les droits que nous percevons sur les transactions immobilières (DMTO) sont passés de 186 M€ en 2022 à 120 M€ en 2024. Nos dépenses sont d’ailleurs, pour beaucoup, fixées par l’État sans qu’il ne les compense intégralement. En conséquence, nous devons faire des économies et utiliser le produit de notre gestion prudente des années précédentes. Dans cette situation, quand l’État nous a autorisés à relever de 0,5 point les DMTO, nous l’avons fait, comme la plupart des Départements, d’autant que cette mesure est temporaire et ne concerne pas les primo-accédants.
Enfin, quels sont les principaux défis pour le Gard dans les prochaines années ?
Ils sont nombreux. L’un d’entre eux me tient particulièrement à cœur : prendre soin et accompagner la jeunesse, lui donner les moyens de réussir et de vivre dignement car c’est elle qui représente l’avenir.
Au fil de cet entretien vous employez systématiquement le “Nous” plutôt que le “Je”…
Car je crois en la solidarité. Pour résoudre nos problèmes, jouons « collectif », c’est la clé : écouter, respecter, partager et chercher à comprendre. Notre Assemblée réunit des élus de diverses sensibilités qui parviennent à coopérer dans l’intérêt des territoires et des citoyens qu’ils représentent. Chaque élu de la majorité a son rôle et ses responsabilités. La collégialité, c’est notre méthode : quand un sujet important se présente, il faut se mettre autour de la table pour le régler. La concertation est également très importante. Ce que nous faisons pour les Gardoises et les Gardois, nous ne pouvons pas le faire sans eux. On est là pour vous et avec vous !
