Jean Carrière

Prix Goncourt 1972 pour L’Épervier de Maheux

Jean Carrière est âgé de 44 ans lorsque le prix Goncourt est décerné à son œuvre. Il est alors le second Gardois à l’obtenir, après Marc Bernard en 1942 pour Pareils à des enfants.

Le projet de L’Épervier de Maheux est ancien. L’idée du roman a mûri dans l’esprit de l’auteur dans les années 1950. Rédigée presque entièrement en 1966, la première version aboutie du manuscrit est brûlée par son auteur, insatisfait du résultat.
Le premier chapitre de L’Épervier de Maheux sera publié en 1969 dans Le Républicain d’Uzès et du Gard.
1972 est une date charnière pour Jean Carrière. L’auteur s’installe définitivement à Domessargues tandis que L’Épervier de Maheux est publié.
C’est son deuxième roman. Ce récit puissant, servi par la prose virtuose de Jean Carrière, est dépeint et ancré au cœur des Cévennes et de sa nature contrastée, abrupte mais majestueuse et captivante.
Le roman paraît aux éditions Pauvert. La critique est unanimement favorable. Hervé Bazin, écrivain et romancier français, apporte son soutien.
Le 20 novembre 1972, le roman reçoit le prix Goncourt au 5e tour de scrutin par six voix sur dix.
En l’espace de trois semaines, le roman est déjà vendu à presque 300 000 exemplaires.
Jean Carrière fait alors le tour des librairies de France. Le roman est le plus grand succès des éditions Pauvert, avec plusieurs réimpressions. Preuve du caractère universel de l’œuvre, le roman rencontre un écho large qui dépasse le simple cadre des frontières de la France, comme au Japon et au Canada.
Le roman a été vendu à plus de 2 millions d’exemplaires et a été traduit en plusieurs dizaines de langues.
Cependant le succès de L’Épervier de Maheux devient un poids à porter pour l’auteur. Après un tour des librairies éprouvant, il lui est difficile de donner une suite à un roman qui a remporté un tel triomphe. Dans son ouvrage autobiographique, Le prix d’un Goncourt (1987), l’écrivain relate ses difficultés après l’attribution de ce prix pourtant si prestigieux. Six ans après le Goncourt, paraît un nouveau roman, La Caverne des pestiférés.
L’Épervier de Maheux, au-delà de sa qualité littéraire remarquable, n’est pas un simple récit régional mais, dans la lignée de Jean Giono, est avant tout un roman métaphysique, un récit universel par sa portée. L’indifférence du ciel, l’ingratitude de la terre, l’austérité de la vie quotidienne, la souffrance humaine, la grandeur des paysans cévenols sont autant de questionnements sur l’existence des hommes et leur rapport avec le spirituel.
L’Épervier de Maheux est l’un des prix Goncourt les plus vendus.

© Arch. dép. Gard, fonds Jean Carrière, 162 J 10

Lettre à Jean Carrière des membres de l’Académie Goncourt.
On peut lire les signatures de Michel Tournier, Hervé Bazin,
Bernard Clavel, Françoise Mallet-Joris, Armand Lanoux
et Robert Sabatier.
© Arch. dép. Gard, fonds Jean Carrière, 162 J 10

Photo non datée de Jean Carrière, probablement
dans les années 1950 avec le livre Ravel et nous
(Hélène Jourdan-Morhange, 1945).

Jean Carrière

ÉCRIVAIN GARDOIS
LES Cévennes EN LUI

Né à Nîmes en 1928, Jean Carrière est le fils d’un chef d’orchestre et d’une pianiste. À l’image de ses parents, la musique est au cœur de sa vie. Sa fascination pour le haut-pays, la garrigue ou les Cévennes remonte à son enfance, lors des balades avec son père. Les paysages du sud incarnent son Âge d’or, l’époque où il était le plus heureux, le temps où ses sens étaient en harmonie avec la nature. Tous les écrits de Jean Carrière ne cesseront de rechercher ce royaume disparu, la joie d’un enfant.
L’écriture a très tôt une place importante dans sa vie. Julien Gracq et Jean Giono sont ses maîtres incontestés. Malgré de nombreux écrits déjà aboutis depuis au moins les années 50, sa carrière d’écrivain ne commence réellement que dans le milieu des années 60.
En 1956, Jean Carrière s’installe à Manosque, ville de naissance et de résidence de Jean Giono. À ses côtés, il prend progressivement confiance en sa capacité à écrire.
Après la publication de son premier roman Retour à Uzès en 1967, Jean-Jacques Pauvert, son éditeur, attend avec impatience son second roman, surtout après les nombreuses critiques élogieuses.

à savoir

MANUSCRIT ET NOTES CONSERVÉS

Depuis 2009, les Archives départementales du Gard conservent le fonds d’archives personnelles de Jean Carrière déposé par ses héritiers. Ce patrimoine privé est un témoignage précieux de la vie et de l’œuvre de l’écrivain pour l’histoire du prix Goncourt en France et pour l’histoire du Gard.

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