Gérard Lattier

peintre et plasticien

Gérard Lattier est né à Nîmes en 1937. « Mes parents s’aimaient, c’était le Front populaire et l’optimisme. Trois ans plus tard, c’était la guerre. » Jeune adulte, il se met à peindre les images qui hantent sa tête, des images terribles et sombres. Il rencontre Annie, son grand amour, et devient père de Renaud. « J’ai changé, j’ai commencé à mettre en peinture les histoires qu’on me racontait ou celles que j’avais vécues, à Ruoms en Ardèche, ou à Nîmes. Depuis, il vit dans la garrigue, à Poulx et, à 87 ans, il peint toujours, même si sa vue a beaucoup baissé.

Dans les Pas Gardois
Un lieu gardois favori

L’ermitage de Saint-Vérédème.
C’est un endroit en hauteur, dans les gorges du Gardon, au lieu appelé « La Baume », ça veut dire « la grotte » en patois. C’est un endroit magique, au-dessus de l’eau, les chauves-souris y ont trouvé refuge. Saint Vérédème y a vécu, ermite et pauvre. À Saint-Gilles aussi, quelque temps, puis il est allé fonder son abbaye.

Un souvenir marquant
Le 27 mai 1944… les alliés américains ont bombardé la ville, ils venaient pour nous libérer des nazis. Mon père était cheminot, il a été tué par une bombe alors qu’il faisait son travail d’aiguilleur de train. Ma maman l’a cherché toute la journée. Elle l’a retrouvé le soir, c’était le dernier corps qui n’avait pas été réclamé. Le souffle de la bombe l’avait entièrement déshabillé. Ce jour-là il y a eu 300 morts. Ma maman s’est retrouvée veuve de guerre, sans travail, et moi orphelin à 7 ans.
Un monument

L’abbatiale de Saint-Gilles. C’est un des départs pour le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. En dessous de l’église, il y a une grande crypte où on bénissait les pèlerins avant le début de leur voyage.

Une spécialité

L’aïoli ! À Nîmes, on faisait le commerce du sel. On échangeait ce sel d’Aigues-Mortes contre du poisson, de la morue, qu’on faisait saler. Il fallait bien inventer des recettes pour la préparer.

un événement
Le Festival « Autres rivages » en Pays d’Uzès, qui a lieu tous les étés. On y entend des musiques du monde entier. J’y allais souvent avec Annie et notre amie Béa. Il y avait des musiciens qui jouaient comme si leur vie en dépendait !
Une personnalité gardoise

Mon ami Charlot Faget. Charlot était une espèce de géant débonnaire, il avait sa carte au Parti communiste. Il aimait la vie, c’était un manuel et il discutait souvent avec mon autre ami Marcel Allemann, communiste lui aussi mais intellectuel. Quand ça s’est su qu’en URSS il y avait des goulags, Marcel a déchiré sa carte du Parti mais Charlot lui a dit : « Cette histoire, Marcel, ça ne peut pas être vrai. Sinon ce serait trop triste. » C’était tout lui : la vérité, il fallait qu’elle soit joyeuse.

À savoir

Gérard Lattier sera à l’honneur cet automne au musée laïque d’art sacré de Pont-Saint-Esprit.

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