Pierre Sentagne
Assistant de conservation
aux Archives départementales du Gard
Ce passionné nous immerge dans le monde méconnu de la restauration des documents d’archives, éléments essentiels pour conserver la mémoire patrimoniale du Gard.
Entre Pierre Sentagne et le papier, l’histoire a commencé très tôt. « Enfant déjà, je m’amusais à fabriquer des livres. » C’est donc tout naturellement qu’il se tourne vers les métiers du livre, partant du Certificat d’aptitude professionnel (CAP) pour finir par un Master (Bac+5). « J’ai démarré par la reliure mais j’ai aussi appris les techniques d’impression, de conservation et de restauration sur tous les supports de l’écriture : manuscrits, estampes, livres imprimés, affiches. »
Il se forme en France et en Belgique, travaille un temps au Centre interrégional de conservation du livre d’Arles, en conservation préventive pour le futur musée du quai Branly et pour la Bibliothèque Apostolique Vaticane. « J’y suis resté 3 ans, pour restaurer des livres et des manuscrits exceptionnels. »
Ce profil riche en expériences retient l’attention des Archives départementales du Gard, et Pierre Sentagne rejoint l’équipe en mai 2024, avec pour mission de favoriser la bonne conservation des documents.
« L’essentiel de mon travail est de veiller au respect des normes de conservation préventive et de superviser une équipe de valorisation qui contribue à préserver les documents pour l’avenir. Cela passe par l’organisation de chantiers de reconditionnement, de dépoussiérage, d’un travail quotidien de pédagogie et de sensibilisation du personnel des archives. » Il souhaite que ses collaborateurs se saisissent de l’intérêt patrimonial des documents d’archives pour ensuite à leur tour sensibiliser le grand public. Leur rôle est fondamental.
En effet, on ne manipule pas un plan du XVIIe siècle comme un magazine d’aujourd’hui.
« La conservation préventive est une démarche qui recouvre l’ensemble des mesures prises afin de prolonger la vie des objets en prévenant, dans la mesure du possible, leur dégradation. » Au cours de leur existence, les documents s’abîment, victimes d’attaques de nuisibles, de champignons, d’acidité des encres ou de facteurs humains (usure mécanique, accidents).

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Contrairement à une idée fréquemment répandue, le plus grand danger n’est pas le feu, mais l’eau. « Une trop forte humidité va favoriser, par exemple, le développement de moisissures qui vont dégrader le papier. » Ainsi, les collections sont conservées dans des magasins climatisés entre 18° et 22 °C avec une hygrométrie maintenue entre 40 et 55 %, un climat idéal pour le stockage du papier. Chaque document est protégé dans une boîte de conservation, puis rangé sur des rayonnages mobiles qui se resserrent afin de les préserver en cas de sinistre.
Par leur état de conservation, certaines archives sont devenues non communicables ou seulement dans des conditions spécifiques. C’est là qu’intervient le restaurateur, autre facette du métier de Pierre Sentagne : les documents sont restaurés, pour être mieux préservés et revenir à la consultation. « Nous utilisons pour cela des matériaux naturels comme le papier japon, des colles neutres spécifiquement adaptées aux normes de conservation pour rendre au document son aspect d’origine et prolonger sa vie. »
En 2024, l’atelier a restauré plus de 200 documents tels que des registres notariaux, des compoix, des parchemins, des affiches et des cadastres.
Enfin, la numérisation permet de protéger les documents tout en les rendant accessibles à tous, via la consultation en ligne.
Infos : Archives départementales du Gard, 365 rue du Forez à Nîmes
04 66 05 05 10 / archives.gard.fr