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Née à Nîmes le 28 octobre 1938, Bernadette Lafont grandit à Saint-Géniès-de-Malgoirès, où son père est pharmacien. Elle fait ses études secondaires au lycée de jeunes filles (actuel collège Feuchères) de Nîmes, où sa famille s’installe. Bernadette, qui se destine à la danse, suit aussi des cours à l’opéra-théâtre de Nîmes, et elle rêve de cinéma en regardant les premiers films de Brigitte Bardot. Ses cours à l’opéra donnent à cette midinette gironde et au caractère bien trempé une cambrure parfaite. Elle est reçue au baccalauréat (première partie) à 16 ans. En 1955, elle fait la connaissance de l’acteur Gérard Blain, qui répète alors la pièce de Shakespeare Jules César aux arènes de Nîmes. Elle l’épouse à 18 ans et le suit à Paris. Ils tourneront plusieurs fois ensemble jusqu’à leur divorce en 1959. François Truffaut lui offre son premier rôle dans son court-métrage Les Mistons (1957), tourné la même année à Nîmes, dont elle partage l’affiche avec son mari. Elle qui ne se destinait pas au métier d’actrice aura de nombreux rôles sous la direction de prestigieux réalisateurs de la Nouvelle Vague : Cocteau, Chabrol, Louis Malle, Costa-Gavras… Sa carrière qui avait démarré très vite connaît des hauts et des bas durant la décennie des années 1960, mais, philosophe, elle fait sienne la devise de Cocteau « Les premières places ne m’intéressent pas spécialement ; celles que j’aime, ce sont les places à part. » C’est aussi à cette période qu’elle rencontre le sculpteur et cinéaste hongrois Diourka Medveczky. Ensemble, ils auront trois enfants en trois ans : Élisabeth, David et Pauline, qu’ils élèvent au calme à la campagne. Elle revient au cinéma en 1969, dans l’unique long-métrage de Diourka Medveczky, Paul. Ce film, bien que salué par la critique, ne sera finalement distribué qu’en DVD en 2012. La carrière de Bernadette est relancée et elle ne cessera de tourner jusqu’à sa mort en juillet 2013.

Actrice engagée

Femme d’action, Bernadette Lafont sera signataire du manifeste des 343 salopes, publié en 1971 pour mettre sur la place publique la nécessité de légaliser l’avortement. Signalons aussi qu’elle était la marraine du festival international du film de Vebron (Lozère) depuis sa création en 1988, aux côtés d’un autre acteur gardois Lionnel Astier (père d’Alexandre). De 1990 à 1996, elle préside également les Ateliers de création audiovisuelle de Sommières, une petite structure de formation, délocalisée à Saint-André-de-Valborgne la dernière année. La nature et la campagne ont sa préférence puisqu’elle séjourne régulièrement à Saint-André-de-Valborgne ou dans la petite bourgade poitevine d’Argenton-les-Vallées. Loin du star-system, Bernadette Lafont avait un talent reconnu et apprécié, notamment via les hommages qui lui ont été rendus à son décès, dont le film In Memoriam Bernadette Lafont de Gérard Courant. Alexandra Stewart, Stéphane Audran et Guillaume Gouix y lisent des lettres de Bernadette Lafont et des textes de François Truffaut et de Claude Chabrol. Un théâtre nîmois porte également son nom.